, Club des Plantes Invasives

Designer en résidence Antoine Boudin - Design au fil des saisons

Depuis plus de dix ans, le travail du designer Antoine Boudin a pris la Provence pour cadre, et explore principalement le potentiel que recèle la canne locale. Nous lui avons demandé de nous livrer son point de vue pour mieux comprendre le projet qu'il développe dans le cadre de l'Atelier LUMA.

— Quel serait pour vous le résultat idéal de ce projet ?

La canne de Provence possède des qualités intéressantes pour réaliser du papier, c’est une certitude mais la mise en œuvre dans le cadre d’une échelle industrielle est complexe.

L’idéal serait de réussir à fournir tout le papier nécessaire à la fondation LUMApour son fonctionnement, de la ramette d’imprimante en feuilles de 80gr/m2 au catalogue d’exposition en passant par du papier pour des emballages… Si cela fonctionnait, il serait intéressant de le développer à une échelle régionale. Enfin, il existe des pistes également pour fabriquer du textile, c’est aussi une recherche que nous souhaitons exploiter.

— Qu'est-ce qui motive votre travail ? Quelle expérience avez-vous en matière d'industrie du papier ?

L’innovation en cohérence avec le territoire motive ma recherche. C’est un sujet que j’aborde dans ma pratique de designer depuis bientôt 10 ans et je suis convaincu que la Provence se prête parfaitement à ce genre de modèle de design.

Concernant l’industrie du papier, la seule expérience que j’ai relève de quelques tests en laboratoire. J’ai grandi avec l’odeur de la cellulose du Rhône portée par le vent qui nous annonçait la pluie, il s’agit maintenant de voir quelle serait l’odeur de la cellulose de canne !

— Qui sont vos principaux collaborateurs pour ce projet ? Avez-vous des envies particulières de collaboration ?

Nous travaillons avec le CTP (Centre Technique du Papier). J’aimerais également entamer une discussion avec Antoine Rouilly de l’ENSIACET à Toulouse, je suis convaincu que nous allons découvrir des choses ensemble. Je suis aussi curieux d’échanger avec des partenaires agricoles, territoriaux et politiques pour prendre la mesure de leur motivation et si besoin les convaincre de la pertinence de ce projet.

— Quelles sont vos intentions en matière d'installation de votre espace de travail dans l'atelier ?

L’idée de la présentation est très simple : montrer le chemin emprunté pour obtenir du papier en partant de la canne de Provence à son état naturel. C’est comme le système ryzhomique de la canne d’ailleurs, plusieurs « chemins » partent de la recherche primaire, c’est pourquoi je montre également des recherches sur des panneaux d’agglomérés et de contreplaqués de canne. C’est comme du papier, seule l’échelle change, il est donc pertinent de le montrer et d’en parler.

— Y a-t-il autre chose que vous voulez partager au sujet du projet?

Ce que je trouve intéressant c’est qu’il fait partie d’une lecture précise d’un territoire et qu’il invite à reconsidérer le temps. Il s’inscrit dans les saisons (au sens agricole, botanique et météorologique), chose rare dans les projets de design.

Avec les autres projets d’Atelier LUMA et des autres designers nous proposons une alternative à ce que propose le marché et les groupes d’intérêts. Ces projets prennent tous en considération l’état des ressources et tentent de travailler d’une manière plus responsable, c’est encourageant et cela invite à l’optimisme ! Il y a des choses à faire et à refaire avec la canne c’est sûr, il ne faut pas la laisser en route !